De retour de Jamaïque avec son fils, Anna est coincée en France à cause de la crise qui touche son pays et de la faillite des compagnies aériennes islandaises. Heureusement, le duo tombe à la douane sur Agathe, jeune veuve qui rapporte les cendres de son mari d’un pays indéterminé. C’est ainsi que s’ouvre la fiction : par la confrontation de ces deux mondes, dans l’espace transitoire de l’aéroport. Agathe héberge donc Anna et Úlfur dans son charmant appartement montreuillois, qui va devenir le théâtre de l’évolution de cette protagoniste. De jeune veuve en effet elle deviendra « Queen of Montreuil » : quand elle aura fait son deuil.
Queen of Montreuil fait le choix subtil de se poser en plein dans l’écart entre divers éléments antagonistes, jouant avec brio sur le motif du décalage. Ce sont ces deux mondes, jamais clos : symbolisés par Anna d’un côté, fumeuse d’herbe hédoniste et délurée ; Agathe de l’autre, en deuil, mélancolique, désœuvrée. Ce sont aussi des choix esthétiques : le film oscille toujours entre une spontanéité absurde et délectable, la fantaisie de la fable (notamment dans l’histoire secondaire entre Anna et Samir, qui se rencontrent en haut d’une grue), et la mélancolie du manque, du doute. La principale qualité et la généreuse vigueur du film sont avant tout dans cette variété de tons et le décalage constant qu’elle impose. Sans crier gare, le film passe d’un bond du sérieux, de la nostalgie la plus douloureuse au comique le plus amusant (voir l’excellente scène avec Sophie Quinton : déchirante et incongrue tout à la fois). La ligne trop traditionnelle du scénario est donc sublimée par l’audace thématique (éloge de la simplicité, du partage, de « l’or du pauvre » – le cannabis), par l’originalité symbolique (le phoque qui matérialise l’absence du défunt et le deuil à venir), par le mordant des dialogues tirant toujours vers l’absurde.
Si le but d’Anspach était de partager humour et énergie avec son spectateur – un but si simple et pourtant périlleux – c’est gagné. Marianne Fernandez / Critikat
Sólveig Anspach
Queen of Montreuil / 2013
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Archive mensuelle de octobre 2016
Dans le cadre de la Semaine Bleue,
Le ciné-club La Vie est belle organise - en collaboration avec le Théâtre de la Noue
la projection exceptionnelle de
Yoyo, petit bijou de Pierre Etaix
mercredi 5 octobre à 14h
La projection sera suivie d’un goûter
Un riche aristocrate s’ennuie dans son grand château… Lors du passage d’un cirque, il retrouve un ancien amour, qui est devenue dresseuse de chevaux, et fait la connaissance de son fils : le petit Yoyo…
Vient la crise de 1929. Désormais sans argent, la petite famille part en carriole sur les routes et présente un spectacle de ville en ville, dans lequel le petit Yoyo prend goût au monde du spectacle vivant.
Yoyo, chef d’œuvre de Pierre Etaix, à l’image de l’évolution du cinéma, commence par des séquences muettes, pour devenir soudainement parlant. Yoyo est une Comédie irrésistible où les gags s’enchaînent à toute vitesse, qui fait preuve d’une originalité et d’une inventivité sans bornes.
Comique, émouvant, Étaix se situe quelque part entre Charlie Chaplin et Jacques Tati… C’est fin, c’est beau, c’est plein de poésie ; c’est merveilleusement écrit et magnifiquement pensé ; c’est hilarant tout en demeurant profondément humain et généreux.
Théâtre de la Noue
12, place Berthie-Albrecht
Projection gratuite
réservations : 06 32 98 82 89
